Le 18 septembre 2018, par Eug. D.,
Tous les médias l’annonçaient. Tous les sites internet d’information le signalaient : le gouvernement ouvre la chasse aux « faux sites administratifs » [1]. L’expression de "faux sites administratifs" n’est pourtant pas des plus adéquates pour évoquer des sites construits pour des arnaques...
C’était bel et bien en ce 17 septembre 2018 qu’était lancée « une campagne sans précédent contre les faux-sites administratifs... » et, de la sorte, qu’était signifié que « le gouvernement met en garde les internautes contre les faux sites administratifs... » ou que « le gouvernement alerte contre les faux sites administratifs... » [2].
Mais aucune mention n’était faite quant au vrai site qui engageait ladite campagne.
Par exemple, en ce 17 septembre 2018, sur le site du ministère de l’Économie et des Finances, la page d’accueil était composée d’annonces ciblées sur le prélèvement à la source tandis que d’autres annonces offraient des encarts semi-publicitaires pour quelques évènements à venir [3]. Sur la page du ministère de l’Action et des Comptes publics, l’important c’était la confiance ... dans le droit à l’erreur [4].
Dès lors, c’est par le biais du Secrétariat d’État auprès du ministre de l’économie et des finances que l’on pouvait prendre connaissance du communiqué concernant cette mise en garde en forme de sensibilisation des internautes aux risques d’hameçonnage et de formation à la détection des faux sites administratifs.
Un communiqué de presse n° 699 en date du 17 septembre 2018 intitulé : « Faux sites administratifs : La secrétaire d’État Delphine Geny Stephann lance une campagne d’information auprès des consommateurs pour effectuer des démarches administratives en toute sécurité révèle donc cette opération ... d’information [5].
Du fait même du contenu rudimentaire de ce communiqué, la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) est la seule institution citée dans la plupart des articles de presse. Or, en même temps, une forme d’opération publicitaire s’infiltre dans les propos retenus : la DGCCRF « invite notamment les internautes à consulter en priorité www.service-public.fr qui recense tous les sites officiels ». Cette accroche reflète un des conseils délivrés aux internautes. Ce serait un conseil avisé… quand ledit site répond effectivement à la demande.
Un dossier est ainsi mis en ligne sur la page de la DGCCRF, « Attention aux faux sites administratifs ! ». Il s’agit de prévenir les usagers de l’existence de sites qui, imitant les formules administratives, facturent des services administratifs le plus souvent ’gratuits’. Ce d’autant plus que l’arrivée d’un site en tête des moteurs de recherche sur internet « n’est pas un gage de site officiel »...
La brochure de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes : « Faux sites administratifs. Attention aux arnaques », expose ainsi quelques conseils aux internautes. Évidemment, le premier des conseils est de consulter en priorité le site officiel de l’administration française (www.service-public.fr), ensuite de s’appuyer sur les sites dont l’adresse finit par « gouv.fr » [6], de vérifier si la prestation sollicitée est officiellement payante, etc.
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Outre la déshumanisation des relations administratives, à l’ère du numérique, la facilitation des démarches administratives par leur mise en ligne altère alors quelque peu la confiance ...
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[1] V. par ex. lefigaro.fr : « Le gouvernement alerte les internautes contre les faux sites administratifs », 17 sept. 2018 ; [francebleu,fr : « Le gouvernement met en garde contre les faux sites administratifs, qui piègent un million de personnes par an », 17 sept. 2018 ; etc.
[2] V. pour un exemple plus précis quant aux risques d’une connexion à de tels sites : « Démarches administratives en ligne : une entreprise soupçonnée de pratique commerciale trompeuse », lemonde.fr 17 sept. 2018.
[3] ... comme celui-ci : « Les 21, 22 et 23 septembre : fêtez la gastronomie partout en France ! »
[4] « Droit à l’erreur : installation d’un groupe d’experts dans le cadre de la concertation publique pour la mise en place d’une nouvelle relation de confiance entre les entreprises et l’administration fiscale ».
[5] On regrettera ici fortement l’utilisation du terme de « consommateur » !!
[6] ...et curieusement ce n’est pas le cas du site précédemment conseillé…