Le 31 janvier 2008, par Geneviève Koubi,
Tout devient culture
le mot dégouline et bave.
Tous s’empiffrent, se gavent
de denrées culturelles
en célébrant la ritournelle
d’un monde à refaire
d’une époque à défaire.
…
La culture est partout
dans l’image d’un oiseau
arrachée au caniveau
dans les tags des sans noms
sur les murs de la prison
et jusques au fond du carton
où s’est caché le bidon.
…
La culture se glisse dans tout
plisse, visse et lisse tout
elle est distraction
au lieu d’être réfraction
elle est consolation
au lieu d’être interrogation.
…
La culture se vend
en série, en vrac, en temps
en breloques épitaphiques
dans toutes les boutiques.
Elle se consomme
– en y mettant la somme –
à toutes les sauces en crème
et s’avale en emblèmes.
Elle se fabrique des icônes
en plastique ou en silicone.
…
La culture se déploie
et larmoie
d’appels aux dons.
La culture s’enlise
et s’amenuise
dans les renvois du ballon.
…
La culture est publicitaire
son public est ici, à se taire.
La culture est sportive
sa référence est exclusive.
La culture est alimentaire
ses couleurs sont tertiaires.
...
L’écoute a le goût de plâtre.
La gestuelle s’entartre.
Le plat est souvent saumâtre…
…
Paris, le 30 janvier 2008