Le 11 janvier 2008, par Geneviève Koubi,
La file s’allonge,
la queue se prolonge
sous l’auvent, sur le trottoir, sur la route
le temps d’attente se lit dans le niveau
de fibres de tabac du caniveau.
...
Les regards se plissent
et les larmes glissent
sous la pression du vent, du bruit, du doute
quand à l’extérieur, rien ne dit les maux
de rêves communs devenus rivaux.
...
Le panneau : « interdiction de fumer »
est le seul objet qui n’a pas jauni.
Il est neuf ; il troue le mur du bureau.
Il partage en quelques images sans mots
une histoire qui s’achève dans le froid
dehors à l’entrée du grand bâtiment
qui porte mal le linteau d’une devise
dans laquelle s’ennuie le mot liberté.
...
La disparition des voiles de fumées
fait le travail amer, le rire aigri.
Quelques relents s’accrochent aux rideaux.
Le cendrier n’est plus pour les mégots
il reçoit les récépissés d’envois
marqués par le rythme d’un autre temps
durant lequel les regards sans valises
se racontaient la convivialité.
...
Les instants de détente sont au jardin
tant que les interdictions de demain
ne se trouvent pas encore formulées.
Prendre le temps de vivre, de le dire
fumer une dernière, s’attendre au pire.
Car, bientôt la pression des aigrefins
risquerait bien de nous lier les mains
en nous retirant le droit de parler…
....
Paris, le 6 janvier 2008