Le 17 janvier 2008, par Geneviève Koubi,
Les points qui hachuraient les pages de nos cahiers
en s’intercalant entre les lettres majuscules
ont perdu leur saveur et leur couleur noirâtre
Leur disparition a modifié les sons
La « effe hi ène hue elle » est devenu finule
Les lettres forment donc des mots acariâtres
...
D’autres tonalités s’inscrivent sur le papier
Et se déforme aussi l’effort de traduction
quand nato est otan quand otan est nato
tandis que l’intraduit signale l’indifférence
l’oubli ou le mépris, voire la méconnaissance
...
Sous chacun de ces sigles les liens font les mots
et se surpassent dans l’effusion des confusions
...
Comme de juste l’« oh ène hue » est maintenant l’onu
Council of Arab Economic Unity
se dit, cahin-caha, en camaïeu de « caheu »
alors qu’il se rêvait en « c’est ah euh hue »
West African Economic Community
n’est pas C.E.A.O. ni WAEC pour le bleu
La « minurso » pense le désert en sécession
...
L’effacement du point a modulé l’accent
qui obligeait chacun à en saisir la source
internationale ou bien administrative
industrielle, commerciale, technique, virtuelle
...
Les lettres sans les points démarchent en mille et cents
Les points sont « caques » et se comptent tenant en bourse
Le « gatte » n’est plus mais l’« oh aime C » le réactive
Grâce à l’« interpole » les pris ne font plus la belle
...
Les formats des ordinateurs n’aiment pas les points
Ils cavalent dans les raccourcis et abrégés
Par glissements automatiques ils ont corrigé
ainsi en remplaçant « ompi » par « homme pie »
derrière les lettres, avec les sons, dans les recoins
ils forment tous les noms de nos institutions
et d’un seul clic, d’une fonction : « annulation »