Le 15 juin 2010, par Geneviève Koubi,
L’air des temps invite à une réflexion sur les moyens de résistance aux mesures qui éveillent en chacun un sentiment d’injustice comme aux actes portant violations des droits, des droits de l’homme, des droits de la personne. Il conduit ainsi vers des questionnements sur les affres ressentis par les agents publics dans leurs fonctions, dans leurs tâches ; ils sont, de fait, les premiers concernés par les discours de la peur qu’ils doivent diffuser et par les appels à la rigueur qu’ils doivent subir.
Suivant les époques, chargés d’appliquer des normes ’iniques’, de facture administrative ou de portée juridique, sans pouvoir à chaque fois faire état de leur illégalité éventuelle, soit en vertu d’un principe d’obéissance hiérarchique aux contours variant selon les conjonctures, soit du fait de pressions diverses aux couleurs socioprofessionnelles parfois corporatistes, ils assistent, complices ou spectateurs, les/aux jeux d’imposition de ce droit déformé.
Retrouvée dans un ouvrage collectif dirigé par Claudine Haroche, Le for intérieur (CURAPP, PUF, 1995), l’étude ici insérée est dépassée. Elle répond à un contexte administratif et social qui ne s’en tenait pas encore aux logiques managériales issues d’un ultralibéralisme débridé. Elle ne se réfère pas directement aux formes d’une désobéissance civile ou civique aujourd’hui réactivées ni aux modalités de résistance aux actes et ordres hiérachiques dont les effets portent atteinte à la dignité de la personne humaine.
Intitulée « Le for intérieur du fonctionnaire entre conscience du devoir et connaissance du droit », cette réflexion, menée en 1994-1995, signifierait-elle toutefois que, dès lors qu’il y a, de la part d’un agent public, une mise en acte aussi diffuse soit-elle d’une réticence, cette prise de distance aligne, pour reprendre le titre d’un ouvrage récent, une forme de désobéissance éthique ?